Je suis partie aujourd’hui
Les soins palliatifs à domicile ou le dernier train avant le bleu du ciel par Franca Maï
Franca Maï : Fleurs vénéneuses extrait Crescendo (vidéo)
Il est des expressions dont le but est de bloquer toute réflexion sur tel ou tel sujet. Elles semblent être le fruit d’une évidence incontournable, frappées du sceau de la sagesse. Mais on oublie trop vite qu’elles sont surtout et avant tout le résultat d’une hypocrisie extrême, quant il ne s’agit pas tout simplement d’une gigantesque manipulation de nos esprits...
Sauf erreur de ma part, l’expression suivante « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde » fut prononcée par Michel Rocard. J’ai lu, sur le Monolecte de mon amie Agnès Maillard, que la phrase complète était la suivante : « La France ne saurait accueillir toute la misère du monde, raison de plus pour qu’elle traite bien la part qu’elle ne saurait manquer d’en prendre. » Je ne vais pas me prononcer sur l’auteur de cette phrase et sur son intention. Lui seul sait ce qu’il voulait dire et dans quel but...
Par contre, il est évident que tous les esprits « raisonnables », « réalistes », associés, parfois à leur corps défendant, avec tout ce que la France compte de racistes, tous ces esprits se sont rapidement approprié la première moitié de la citation. Et pour cause ! Quelle merveille d’hypocrisie ! Que de mensonges cachés sous une apparente évidence que nul esprit censé et lucide ne peut réfuter !
Cette citation malheureuse autorise toutes les rafles d’aujourd’hui, et bien que l’expression fâche les responsables de cette politique ignominieuse, elle autorise et semble justifier la chasse aux enfants jusque sur les bancs des écoles. Cette phrase, donc, est censée nous fermer le bec, à nous les défenseurs des droits de l’homme, des droits des femmes, des droits des enfants, nous tous que ces esprits qui se croient supérieurs traitent avec mépris de « droit de l’hommistes ». Oui, il y a des gens, même des responsables politiques qui pensent qu’on ne peut pas réfuter cette phrase... Nous allons voir...
Tous ceux qui utilisent cette phrase, qui instrumentalisent à l’avantage de leur phénoménal égoïsme la générosité des associations d’aides aux immigrés pour la retourner contre elles, savent qu’ils usent d’un mensonge plus vaste encore que leur égoïsme pourtant sans limites apparentes. Le mensonge contenu dans la citation est le suivant, et il est énorme : « La France accueillerait toute la misère du monde », ou serait menacée de la subir sans une politique d’extrême fermeté !
Oh que non ! C’est tout l’inverse qui se passe ! Ce pays n’a jamais été aussi fermé que ces dix dernières années ; j’ai même vu, dernièrement, une information qui affirmait que la France était à la traîne pour l’aide promise aux pays sous-développés [1]. Non seulement nous n’accueillons qu’une infime, qu’une très minuscule partie de la misère du monde, mais nous participons, et de très forte manière, à pérenniser cette misère ailleurs.
Une autre information, sortie ces derniers jours, une information de l’Insee, indique que le nombre d’immigrés en France serait de cinq millions de personnes, en importante augmentation ces cinq dernières années. Lâchée comme ça, en grand titre des médias du pouvoir, cette information fera peur à tous les citoyens retranchés derrières leurs barricades mentales. Mais lorsqu’on apprend que trente pour cent d’entre eux sont des ressortissants européens, déjà, on s’aperçoit que ce n’est pas la misère du monde qui est accueillie, mais qu’il s’agit du simple respect des règlements européens de « libre circulation ».
Et, si j’ai bien compris, pour les autres, une bonne part possède la nationalité française, depuis longtemps pour certains. Parler d’immigrés dans un tel cas est une forfaiture qui n’a rien de gratuit. Si, du plus, nous avons conscience que l’immense majorité du peuple français est d’origine étrangère, on voit tout de suite que ce genre de statistique n’a aucune signification réelle, mais qu’elle existe pour servir les intérêts du pouvoir et de sa politique néfaste et inhumaine. Que l’on cesse de faire croire que la France est encore une terre d’accueil soucieuse des droits de l’homme.
Non, la France « d’en haut » est une France d’égoïsme et de profit, tout en redevenant une France néocoloniale, donc un pays qui exploite les autres à son seul profit.
Celui-ci, par la fantasmatique « immigration choisie » fait le choix du pillage des cerveaux issus des pays les plus pauvres. Un immigré sera toléré, et encore seulement pour un temps bien déterminé, à condition que sa formation intellectuelle ait été assurée par d’autres, à condition que cette formation soit de haut niveau et surtout, surtout, que l’individu ayant le droit d’être exploité par nos industries soit particulièrement rentable, autrement dit qu’il coûte beaucoup moins qu’il ne rapporte.
« L’immigration choisie » est œuvre de vampire buvant le sang vital des nations les plus pauvres et les plus fragiles. Ce sera tout bénéfice pour les entreprises qui s’enrichiront avec des gens n’ayant pas les mêmes droits qu’un citoyen français et n’ayant rien coûté pour sa formation. Et ce sera une pure perte pour les pays pauvres qui auront investi dans la formation intellectuelle de leurs futurs cadres. Ce sera, par conséquent, la meilleure garantie de la pérennisation de la pauvreté et d’une exploitation honteuse de ces pays...
C’est aspect du mensonge officiel, si souvent et si facilement repris par tous les tenants du pouvoir, de l’extrême droite à la droite extrême en passant par la gauche socialo-libérale, veut laisser croire, au peuple ébahi, que notre pays aurait encore un attrait irrésistible pour les foules miséreuses.
Rien de plus faux !
Il se trouve que « toute la misère du monde » n’a que faire de nous et n’a nulle intention de venir s’établir en France !
Ce qui se passe à Calais, notamment à Sangatte, depuis des années, cette tragédie, ce crime continuel envers des êtres humains venus d’ailleurs, le prouve. Ces immigrés-là, en fait, ces réfugiés fuyant leurs pays dirigés par des barbares sanguinaires, montrent que la France ne les intéresse qu’en tant que marchepied très provisoire et comme gare de départ pour l’Angleterre...
C’est encore une prétention bien française d’imaginer et, pire de l’affirmer, que la France est tellement attrayante que le monde entier, spécialement le monde de la misère, c’est-à-dire au bas mot 3 à 4 milliards d’individus voudraient s’installer ici...
N’en déplaise aux prétentieux qui nous gouvernent actuellement, non, la France n’attire plus guère et, ceci de leur faute ! Les pauvres, un peu partout, par les informations qui circulent, savent que notre pays n’est plus un pays d’accueil, mais un pays où l’on pratique la chasse à l’étranger et la mise à l’écart de ses propres citoyens, s’ils ont le culot d’être pauvres, chômeurs, invalides, sdf... Il faut être bien aveugle ou hypocrite pour croire encore que notre pays possède un quelconque charme aux yeux du reste du monde en général et des pauvres en particuliers. Certes, entre politiciens de tout pays, il se peut que, par diplomatie, c’est-à-dire par haute hypocrisie, on laisse entendre que notre pays est important. Mais l’avis des politiciens n’a aucun poids, contrairement à l’avis des peuples et des individus qui les composent.
La France, pour l’essentiel, est aujourd’hui un musée vivant pour les touristes étrangers, si possible fortunés.
C’est le dernier rang qui nous reste, puisque le principal des droits de l’homme en France, c’est l’inexistence des droits de l’étranger et des droits de toutes les minorités. Le rang français, c’est la négation des droits réels des étrangers, des droits réels des pauvres, des droits réels des femmes et des droits réels des enfants et des droits réels de tous ceux qui ne veulent pas vivre en fonction du moule que le pouvoir veut imposer. Le peuple français, face aux négationnistes des droits élémentaires, pour la plupart issus du pouvoir ou l’exerçant toujours, est, dans sa majorité, indifférent aux droits des autres, tous ceux qui en ont les moyens préférant se fondre dans une consommation autant béate que soporifique de la conscience.
La réalité française, c’est ça, aujourd’hui, et il n’y a pas de quoi pavoiser ou être fier.
Comment dans ces conditions, si on met de côté le facteur « musée », la France ne serait-elle pas un repoussoir pour la misère du monde ?
Que pourraient donc attendre les miséreux d’un pays poussiéreux, refermé sur lui-même, un pays satisfait de son statut officiel de musée, un pays à l’esprit rance, un pays gouverné par des gens à l’esprit strictement marchand ?
Il ne reste rien ou presque rien de ce qui fit un temps la grandeur réelle et seule valable de ce pays, c’est-à-dire, sa capacité d’accueil, sa capacité d’inventer, proposer et appliquer des droits nouveaux aux humains. Si dans ce passé, encore récent, la France était regardée et admirée de partout parce que sa générosité rayonnait bien au-delà de ses frontières, le pays actuel est pareil à une lune morte...
Ce constat n’est pas gai, n’est-ce pas...
Qu’on me dise, si l’on est pas d’accord avec cette analyse, en quoi ce pays pourrait prétendre à accueillir toute la misère du monde ?
C’est un pays qui, d’année en année, devient un Etat policier à la grande satisfaction, si je m’en réfère aux sondages, d’une trop grande part de la population. On dirait que ces citoyens en complicité, consciente ou non, avec les politiciens n’espèrent qu’une chose, la glaciation de l’esprit français, celui des lumières qui s’est propagé dans le monde entier et qui était encore vivace au cours du siècle dernier. Mais à présent, après avoir vécu une courte mais intense période de recul, nous vivons le vide et la pauvreté extrême de l’esprit d’accueil et de générosité.
Il reste, heureusement, une minorité importante et agissante qui, pour l’essentiel, par des moyens non-violents et par la désobéissance civile contrecarre la politique des « porteurs de ténèbres ». Ceux-là ont conscience qu’ils sont entrés, en raison de la générosité de leur esprit, en résistance. Si l’honneur existe, et je le crois, ces résistants sont, aujourd’hui, les seuls qui sauvent l’honneur, au sens le plus fort du terme, de tout un pays, de même qu’au cours de la dernière guerre mondiale, De Gaulle et les résistants furent les seuls à être l’honneur d’un pays moralement déchu.
L’espoir demeure uniquement grâce à tous ceux qui, aujourd’hui, ont repris le flambeau de la résistance contre toutes les tyrannies. Ce sont eux, et eux seuls, qui incarnent encore l’esprit rayonnant des « lumières », ce sont eux et eux seuls qui portent en eux l’espérance et le combat contre « l’esprit des ténèbres ».
[1] Dans son rapport sur l’APD française en novembre 2005, Coordination SUD [1] dénonçait déjà le "gonflement statistique" de l’aide française. En effet, la France comptabilise les allègements de dettes, l’accueil des réfugiés en France, les lycées français à l’étranger, ou encore les crédits alloués aux TOM. C’est un moyen simple et efficace pour faire croire qu’elle respecte ses engagements pour augmenter l’aide sans accroître sa lutte contre la pauvreté et les inégalités. Voir L’aide au développement détournée... par les pays riches.
source :
Altermonde le Village
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